je vous écris de ma cabane... - desde mi caseta, os escribo...
Non, Clotho n'a pas mangé tous les chocolats, oui pour le livre, c'est plus fort qu'elle, elle est en train de n'en faire qu'une bouchée ! ... donc, petite pause littéraire avant de reprendre les bidouillages.
Lorsque Clotho s'assoit là, dans sa cabane :
sans bouger du fauteuil, elle peut contempler ça :
Là, elle peut rêver aux colliers et aux histoires qu'elle tissera. De mère en filles on tire l'aiguille et on raconte aussi...
Pour celles qui en ce moment n'ont pas de livre entre les mains, qui aiment les plantes, les petites herbes et les histoires, Clotho ouvre en catimini un tout petit extrait de ses "cahiers secrets" ... et à l'encre violette, s'il vous plaît :
Elles mangeaient les pourpiers, les épinards sauvages et les chardons qu’Elvire allait couper. Sauge, aigremoine, mélilot…Noneta no’m faces plorar. Elvire exigea même qu’Adèle proposât au marché des bottes de pariétaire qu’elles s’efforçaient de cueillir le long des murs du cimetière, ceux que les chiens n’approchaient pas. Sur les chemins, Elvire flairait la nigelle et le coquelicot, récoltait les capsules pour recueillir les graines qu’elle pétrirait avec le pain. Sauge, aigremoine, mélilot… Adèle ne disait rien, elle ne posait aucune question pour retenir des noms qu’Elvire de toute façon ne savait pas, elle apprenait seulement à trouver la roquette pour la mêler aux tendres feuilles de sisymbre et à garder pour elles les rares feuilles des nombrils de Vénus qui ne poussaient qu’au creux des pierres humides, en contrebas d’une belle maison qui confisquait toutes les sources de la région. Elvire connaissait les plantains qui curent des vipères et les bourraches des bronchitiques, tandis qu’Adèle enfilait en colliers leurs fleurs bleues trouées de langues noires. On dit que la grand-mère, celle de l’avant d’avant, a couché dans son lit avec un long serpent. On la soupçonna même de voler des nénuphars dans les bassins publics pour calmer des ardeurs que l’âge n’avait su adoucir et qu’elle accompagnait de tangos éraillés qui glissaient vertigineusement vers les collines, jusqu’à la solitude des dernières pierres. Là, des filaments de nuages défilaient en silence, il n’y avait rien à ramasser, il suffisait de regarder.
(Adèle, les chemins.)
Beau dimanche à toutes !