délices de sureau - delicias de saùco
Le troisième jour...
Il s'en passe des choses, dans tous les mythes, le troisième jour !
Eh bien le troisième jour, les fruits et les sucs de sureau sont transfigurés, et me voici telle la Thérèse du Bernin en bien étrange exaltation (pfff Clotho, arrête ton délire) !
Les tons ne sont jamais les mêmes. Inattendus, indomptables, ils se logent au coeur des différences de fibres, ils vibrent dans le cheminement de la matière en décomposition ! Issue de la même cueillette, la couleur qui se cache tout au fond du végétal poursuit à notre insu sa lente et secrète évolution.
Fruits du troisième jour (mérinos, mohair, coton de Barjolaine), on est dans les tons prunes onctueux, magnifiques sur le mohair, les taupes délicatement violacés, les lilas sur le coton (la photo ne veut pas les rendre) :
Jus du cinquième jour, la matière bleuit, verdit, se grise un peu (mérinos et mélanges inconnus, qui, trempés par mégarde, ont un peu pris la couleur) :
Tout cela ne sent pas encore l'automne, mais juste la fin du jour, l'approche de la nuit et je suis moins mélancolique de ce don si profond que me fait la matière, il me laisse à penser qu'elle aussi a de l'esprit...
Mais il n'est pas encore temps ici de se glisser dans le pelage frileux des petits matins d'automne, et notre amie Fifane l'a bien compris, qui me gâte comme une enfant qui ne l'a pas mérité ! Et elle aussi, comme la nature, me fait des dons :
Merci bleue Fifane, sur mon cou et dans mon coeur l'esprit de "là-bas" soufflera encore longtemps ce chant qui, par l'Espagne, remonta jusqu'à nos cours d'amour au son du r'bab et de la vihuela ! Yo me era mora Moraima, morilla de un bel catar....