ce qu'il nous reste - lo que nos queda - Thomas Vinau
Depuis le début de cette année 2015, d'une violence insupportable, il ne se passe pas cinq jours sans que nous ne soyons touchés par un décès. C'est beaucoup. Je me sens absente avec les absents. Je reviendrai. Pour l'heure, laissons la parole aux poètes.
Je te parle du vent. De la menthe qui pousse. De l'immense
gris au-dessu de nos têtes. Je te parle des ronces
sous la pluie. Des jours qui nous dépassent. Des absents.
Je te parle des poussières. Des orages. Du temps
qui dégouline au fond du puits. Je te parle de la perte.
Je te parle des miettes. Des instants bienveillants.
Des cadeaux minuscules. Des cailloux dans la boue.
Des fourmis qui veulent vaincre. Je te parle du vide.
Des matins où tu rampes. De la peur des enfants.
Je te parle de ce que je vois pour dire ce que je ne vois pas.
Je te parle du trou. Du vertige de la chute. Du repos
sur le bord. Je te parle de cette façon de vivre comme
les plantes en courant après la lumière. Je te parle
des cendres. De ce que nous goûtons. De ce que
nous perdons. Des arrière-goûts. Des espérances.
Des découvertes. Je te parle de mes rêves.
De ce qui nous déploie. De ce qui nous recroqueville.
De la disparition. Je te parle de nous.
De ce que nous sommes. De ce qu'il nous reste.
Thomas Vinau. Nos cheveux blanchiront avec nos yeux.
Alma éditeur. 2011
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