la lenteur - la lentitud
Il y a sans doute un paradoxe à la lenteur des points qui unissent la soie à la toile : ce fourmillement, ce monde plein et grouillant d'où émergent de vagues formes n'est qu'une approche du vide.
Une à une se déposent les pensées qui encombrent.
Il y eut des joies, des blessures, des enthousiasmes, des déceptions, des naissances, des morts... traces au fond millénaires de toute humanité, traces qui devraient nous confondre dans une même tendresse, nous si semblables, et qui, pourtant, nous déchirons...
Il y a maintenant à la fois la lointaine mémoire de ce qui fut et ce vide, ce vertige intérieur qui doucement conduit la brodeuse vers un temps différent.
(sur lambeaux de soie ou de batiste -vestige d'un fin linge de corps- impression de végétaux ; fils de soie teints par fermentation, toujours les soies de Fanny, inestimable cadeau d'une inconnue à une autre inconnue)