tous les chemins... - se hace camino al andar...
(à l'abri de la pluie sous le porche d'un ermitage à Oles, Asturies)
Sans doute dois-je à Machado autant qu'à Cervantès le sentiment qu'il n'y a droite voie en ce monde. Nous voudrions choisir l'errance et cependant toujours elle ramène aux mêmes auberges que nous prenons pour des châteaux...
Chemins tracés qu'il nous arrive de suivre un temps, ombreux ou scabreux, souvent de solitude.
(camino primitivo, Salas, Asturies)
Parcours labyrinthique, où le vertige a sa part, des échancrures de la côte à l'approche des pics, car il n'y a pas que Saint-Jacques, le Camino Lebaniego a ses charmes aussi.
(vers le Cabo Peñas, Asturies)
(par-delà le défilé de la Hermida, au-dessus de Liébana, vers les Pics d'Europe. Asturies/Cantabrie)
Hameaux en ruines où ne demeure parmi les ronces, les argelas et les fougères que quelque vieux célibataire assis sous un auvent. "cinq, nous ne sommes plus que cinq" dit-il "j'ai 87 ans".
(Cantabrie, camino Lebaniego, vers le col de Hoz)
Et lorsque je lui parle de la grand-mère plus isolée encore qui travaille le bois, il dit "c'est ma sœur, elle a 88 ans"
Il y aurait tant et tant à dire sur ces lieux désertés, détrempés, ces voies qui furent empierrées, aujourd'hui défoncées par les bêtes et par les ans, boueuses, glissantes, dont on ne voit plus la fin sous les pluies tenaces
si bien qu'à la première auberge on se sait vraiment arrivé dans un château.
(auberge de Cicera, étape 2 du Lebaniego)
Entre temps on aura vu les châtaigniers géants, les forêts de hêtres, d'ifs et de houx, et les alpages, ah les alpages !
Et on n'aura plus envie de redescendre, de retrouver toutes ces horreurs, d'avoir le cœur qui saigne, de se sentir très impuissant.