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8 mars 2018

nœuds - nudos

 

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 Peut-être est-ce le regard d'hiver qui, ne pouvant s'égarer, passe de la fixité des branches aux rosettes nichées au creux des pierres et des rochers, aux sorédies et aux apothécies d'un peuple de lichens qui vit alors ses heures de gloire.

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 Cela commence ainsi...

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 Puis cela gagne roches, peaux, écorces devenues soies.

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 Quand au début cela sortait d'une nuit presque noire

2018-01-19

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 Toutes les soies (fils et supports) sont teintes par fermentation de végétaux ou en cuve d'indigo naturel.

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29 décembre 2017

les palais sont en ruines - están en ruinas los palacios

et les peintures s'écaillent,

mais les rêves demeurent...

 Et si dans les décombres il y avait quelque étoffe enroulée ?

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quelque trace des saisons d'un hier pas encore effacé, de feuilles, d'humus, de tanins

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des écritures qui à nous seuls se révéleraient, ces hêtres, ces sorbiers qui telles les fougères du carbonifère disent à notre aujourd'hui les luxuriances d'hier ?

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 A ces lambeaux enfouis sous les décombres, à ces suaires depuis longtemps je songe, et me voilà à assembler l'étoffe des rêves d'enfance, quand en cachette douze princesses s'en allaient danser sous terre, sous leur chambre bien close et usaient leurs souliers.

 Chaque point est la voyelle d'un alphabet intime, le souffle qui manquait aux consonnes brutales. Voyelles-souffles, si souvent invisibles mais qu'il nous faut entendre.

 On me disait naïve, non, juste à naviguer sur une coquille de noix, sans rames et sans armure... parce que la nave va.

 Chaque point pour conjurer les coups de griffe du réel.

 Oui les coupoles s'effondrent et l'enfance est en ruines, mais là, dessous les pierres, c'est l'esprit qui demeure.

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2017-12-25

(Eh bien non, je ne crochète pas parce que justement l'esprit n'y est plus. Je tricote, comme beaucoup, mais à quoi bon montrer un mille et unième snood, une centième paire de mitaines, un énième pull tricoté de haut en bas, de bas en haut, en rond, en carré, à l'endroit, à l'envers, avec le fil dans la main gauche, dans la main droite, avec des trucs et des machins qu'on coupe sous vos yeux et qui ne s'effilochent pas ? Non ! Je prépare des mixtures de plantes, je teins, des fils de soie, des écheveaux de laine, j'imprime des étoffes, je brode "à la gitane", à la "va-comme-j'te-pousse" en oubliant tout ce qui à coups de règle était entré : "Daumal, vous referez votre point d'épine, plus régulier je vous prie", "oui ma sœur" ou "oui ma mère" fallait-il dire. Maintenant je suis libre !)

 

23 décembre 2017

alma mater, mon conte du solstice - alma mater mi cuento de solsticio

Si je n'avais passé ma vie à me raconter des histoires qui sait dans quelle sombre vallée je serais à verser des larmes de damné. Voici mon conte, qu'il coule et qu'il éclaire ces derniers jours de l'année.

*   *   *

 Ce n'était pas une sylve obscure, le chemin s'enfonçait légèrement à couvert sous l'yeuse et les filaires, parfois empêché par des broussailles et des taillis anciens. Il faisait froid, le mistral soufflait en rafales. Il avait plu la veille et les pieds dérapaient quelquefois. Au loin, lorsque la vue se dégageait, s'étirait la silhouette de la Sainte Victoire, sa face nord découpée sur le ciel.

 A l'ombre, contre d'anciennes restanques, dans les amas de feuilles enfin humides après des mois de sécheresse, les lianes de la garance voyageuse se dressaient constellées d'étoiles violacées dont les bords armés d'éperons râpaient mes mains fouineuses, j'avais l'espoir de récolter mais  je ne trouvais rien de satisfaisant.

 Après un temps, fouettés par les spartes et griffés par les ronces, nous longeâmes un ravin encombré d'épineux, nous traversâmes une glèbe lourde qui colla à nos semelles et tout à coup, derrière un fouillis de cornouillers déshabillés , en limite d'un bosquet de petits chênes griffus nous aperçûmes un de ses murs. Avançant jusqu'à elle, nous la vîmes écroulée, à peine identifiable. Lorsque nous approchâmes, sous l'arc brisé qui demeurait entier, une Vierge à l'Enfant regardait sans nous voir.

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C'était une chapelle du 12ème siècle.

J'étais partie dans l'espoir de glaner quelques herbes, des baies, des galles, racines ou écorces tinctoriales car la saison avait été maigre. Nos balades espèrent toujours la récompense d'une souche, de quelques feuilles ou d'un bouquet de thym. En cette année calamiteuse j'étais bredouille mais le hasard avait fait don de ce lieu délabré.

 Au retour, les ombres avaient beau s'allonger je ne perçus que l'or du crépuscule et cette présence qui habitait les lieux, puis, tout à coup, au bord du chemin je vis les fruits, en grappes noires, à hauteur d'yeux, sur un buisson, un seul, et mon cœur fit un bond. De tout l'automne je les avais cherchés mais la nature morte de soif n'avait donné que des choses avortées.

 Ce n'était pas l'abondance mais je compris que j'avais reçu un deuxième don, le troisième serait la couleur qui en sortirait, je l'appellerais "Notre-Dame d'Entraigues".

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Petites baies de troène sylvestre.

 Au seuil d'une nouvelle année, dans cet "entre-deux" où les nuits sont si longues, je vous souhaite encore une âme d'enfant et la petite flamme qui éclairera vos jours.

 

2017-12-23

 

 

 

18 août 2017

tous les chemins... - se hace camino al andar...

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(à l'abri de la pluie sous le porche d'un ermitage à Oles, Asturies)

Sans doute dois-je à Machado autant qu'à Cervantès le sentiment qu'il n'y a droite voie en ce monde. Nous voudrions choisir l'errance et cependant toujours elle ramène aux mêmes auberges que nous prenons pour des châteaux...

Chemins tracés qu'il nous arrive de suivre un temps, ombreux ou scabreux, souvent de solitude. 

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(camino primitivo, Salas, Asturies)

  Parcours labyrinthique, où le vertige a sa part, des échancrures de la côte à l'approche des pics, car il n'y a pas que Saint-Jacques, le Camino Lebaniego a ses charmes aussi.

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(vers le Cabo Peñas, Asturies)

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(par-delà le défilé de la Hermida, au-dessus de Liébana, vers les Pics d'Europe. Asturies/Cantabrie)

Hameaux en ruines où ne demeure parmi les ronces, les argelas et les fougères que quelque vieux célibataire assis sous un auvent. "cinq, nous ne sommes plus que cinq" dit-il "j'ai 87 ans".

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(Cantabrie, camino Lebaniego, vers le col de Hoz)

Et lorsque je lui parle de la grand-mère plus isolée encore qui travaille le bois, il dit "c'est ma sœur, elle a 88 ans"

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 Il y aurait tant et tant à dire sur ces lieux désertés, détrempés, ces voies qui furent empierrées, aujourd'hui défoncées par les bêtes et par les ans, boueuses, glissantes, dont on ne voit plus la fin sous les pluies tenaces

Documents

si bien qu'à la première auberge on se sait vraiment arrivé dans un château.

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(auberge de Cicera, étape 2 du Lebaniego)

Entre temps on aura vu les châtaigniers géants, les forêts de hêtres, d'ifs et de houx, et les alpages, ah les alpages !

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Et on n'aura plus envie de redescendre, de retrouver toutes ces horreurs, d'avoir le cœur qui saigne, de se sentir très impuissant.

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10 juillet 2017

guenilles et oripeaux - harapos y oropeles

"Elle était costumière de théâtre et les pièces de la maison débordaient de brocarts, de velours et de soies, mais ses coulisses à elle, sa grotte et son palais secrets étaient dans le grenier.

 Par couleurs, elle rangeait dans des boîtes de Zan le moindre bouton de nacre, d’os ou de céramique qu’elle ressortait un jour pour parfaire un corsage, reprendre une jaquette, rajeunir un manteau. Elle ne jetait rien, elle retaillait, modifiait, transformait et se plaisait à répéter qu’il fallait faire du neuf avec du vieux, qu’elle aimait mieux redonner vie à ses chiffons que couper tout de go une pièce de taffetas raide de son apprêt.

 De grands paniers d’osier contenaient en vrac de petits carrés de laine qu’elle tricotait à temps perdu en attendant le jour où elle les assemblerait pour faire des couvertures, des trésors de famille qui tomberaient en poussière dans un placard fermé.

Au mur, il y avait une relique. Un canevas de jute aux points patiemment comptés sur des sacs que l’épicier du coin lui avait concédés un à un après les livraisons de café, qu'elle avait lessivés sans mot dire au lavoir public sous le regard tordu des femmes des manœuvres et qu’elle avait brodés au point de croix, jour après jour, avec les pulls détricotés des défunts qu’elle aimait.

 C'était un couvre-lit, il finit en tenture. Elle la touchait souvent, comme on caresse une chevelure. Elle y avait inclus le seul objet qu’elle tenait de sa mère, un pull-over d’enfant, désuet, démodé, qu’elle porta longtemps, d’un vert sourd, cul de bouteille. Sans doute le portait-elle en arrivant à l'orphelinat. Trop vite étriqué, elle le roula en boule et en cachette sous l’oreiller pour pleurer dans son lit lorsque les sœurs la punissaient et la privaient de repas.

J’ai vu cette tenture derrière le divan de poupée qu’elle avait fait monter dans son grenier, je me souviens de ses étoiles géométriques comme un dessin mauresque. Elle y appuyait parfois sa joue quand elle se reposait d’avoir cousu longtemps sans relever la tête. Je l’ai vue et je l’ai convoitée.

Ses dons étaient extravagants, des heures durant elle s’enfermait là-haut pour monter sur des formes de feutre des chutes de passementeries tombées des commandes qu’une diva de passage consentait à lui faire –les petites mains de là-bas, ma chère, de pures merveilles, et à des prix…- et puis elle arborait allègre des chapeaux précieux que la diva n'acquerrait jamais, aussi cher en offrirait-elle. Pas question de les vendre.

 Lorsque nous habitâmes la maison, les mannequins de bois et de carton rangés dans le grenier et qui avaient tout l'air d'une armée qui défile avec ses estropiés m’effrayaient. J’aimais pourtant cet antre. Bien sûr il y manquait quelqu’un, quelqu’un qui en riant dirait encore « tu sais j’ai une idée ! je n'ai pas pu me coucher. Je suis fatiguée d’avoir autant d’idées ». 

Muriel Daumal Nicaise. Les chemins pas lesquels Adèle...

Long préambule à ce qui fermente en ce moment. Parures sauvages de rien et de tout qui traînent dans la mémoire et dans l'imaginaire. Capes de chamane, robes de gueuse ou de mariée, bijoux éphémères... De soie, de lin, de chanvre, de lambeaux passés par les pots et non rincés pour en garder les salissures (l'odeur aussi...).

la robe de la mariée

la robe (détail)

la robe de la mariée (détail)

le bustier de la mariée (2)

tout est en cours, rien n'est définitif, les capes de chamane n'en finissent pas de grandir...

cape de chamane

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quelques bijoux encore mais ces deux-là viennent de partir, abracadabra...

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(soies imprimées par contact de végétaux, fils de soie et de coton teints par fermentation pour la plupart, perles Miyuki et autres très minuscules pour lesquelles je viens enfin de trouver dans un déballage du dimanche LES bonnes aiguilles ! et c'étaient des Bohin, hélas...)

 

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13 mai 2017

graines d'oubli - adormideras

Ce serait comme un temps de décantation. Le temps de déposer l'ancienne peau et de découvrir peu à peu la nouvelle. Des choses se préparent qui passent aussi par la couleur, qui trouveront l'aiguille, la perle et peut-être un jour se souviendront du crochet...

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 Sur les flancs des Alpujarras il poussait des colonies entières de pavots roses, des cynoglosses, des bourraches à profusion, des guirlandes de convolvulus et tant d'autres fleurs que nos collines ont oubliées.

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 Ces soies qui frémissent au vent, ce cœur dressé sous la croix sombre à la naissance des pétales éveillent le désir de s'abandonner à ce qui est tout à la fois puissance et délicatesse. Puissant et pourtant fragile.

 En retenir juste le don  d'une ombre, une trace, une empreinte.

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 On se retrouvera bientôt, non je ne vous oublie pas !

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6 mars 2017

point final - punto final

Concentré de temps. Points de suture. Trait d'union entre les mois écoulés depuis que fut posée la première pièce. Pourtant, ce tout premier moment, je l'ai même oublié, comme toute origine. Et enfin, point final.

 Ah vous trouvez que ça a un air de déjà vu sur ce blog ? Ah ah... mauvaises langues ! c'est qu'il en a fallu de la patience et de la poigne pour venir à bout de la bestiole ! mais ouf, ça y est... on n'en parlera plus.

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160 x 200 cm, impossible à photographier avec du recul et une bonne lumière à l'heure où la tempête fait tomber les branches.

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Aucune étoffe n'a été achetée pour sa réalisation, des dons, des récupérations, des chutes de tout et des bouts de rien, des trucs que "même pas tu aurais osé les porter sur toi ou les mettre dans ta maison", du beau, du moche, du pas mal et du moins bien ... appliqués sur de vieux draps, et finalement : ça marche !

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Les rentrés ne tiennent que par les lignes de points avant. Autant dire qu'un plaid au crochet prend beaucoup moins de temps et détruit moins les mains, mais le crochet... j'en ai un peu assez !

Ce monstre, bientôt à Paris chez Princesse Seconde où Guapa Guapita, la petite chienne gâtée pourrie pourra se vautrer sans complexe et accrocher ses petits ongles aux fils, aïe mama mia. Elle a de la chance, n'est-ce-pas ?

*   *   *

Merci à toutes. A la demande de certains commentaires, voici ce que donne l'envers, on voit très nettement que mon gros fil de coton est en double, sans métier ni tambour, cela gondole un peu, c'est irrégulier, mais c'est justement cela qui rend la texture intéressante.

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19 février 2017

la flamme - ardor y pasión

 Aujourd'hui chacun se demande s'il a encore la flamme. Je vous la déclare donc en déclinant des rouges et des tons de feu qui ne sont pas tous là, les plus ardents étant partis pour l'Espagne que j'aime.. passionnément, cela va de soi. (Baby alpaga lace).

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 Et puisque la fraîcheur pourrait revenir, dans les fins de bains par fermentation et sur une laine un fil, très rustique, de la filature Catusse, crochetées en 2.5, des mitaines. En réalité deux fils sont associés : un cobweb cachemire, fin comme un fil à coudre mais qui apporte sa nuance, obtenue elle aussi en teinture par fermentation de végétaux, et le rude fil rustique. 2 façons de traiter la maille serrée : jusqu'à la séparation du pouce en ne piquant que dans le brin arrière, puis plus classiquement en piquant dans les deux brins du rang précédent.

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23 janvier 2017

Points - puntos

 Points. Autrefois, il y avait les bons, ces images pour les enfants sages que nous ne fûmes peut-être pas. Et puis ceux que l'on marque, quand il faut toujours et encore combattre, pour ne fabriquer finalement que des perdants.

  Eh bien non. Ici, il y a les points de suture, les petits points, ceux que l'on fait dans le silence, loin des clameurs et des rugissements. Comme une méditation.

 Faire du bon, du vrai et du juste passe aussi par le beau, je n'en démordrai pas. C'est là que je fais le... point sur la rumeur du monde, c'est là que je puise ma force.

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 Travail sur différents supports parmi lesquels des étoffes imprimées aux végétaux. Les points de nœuds sont réalisés avec plusieurs fils qui rendent la régularité difficile : des soies teintes naturellement et du coton brut.

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2017 : surtout ne lâchez rien !

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20 novembre 2016

petits points pour poings levés - de puntos y puños

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 Bohême, on ne se refait pas, et à défaut de lever le poing on le serrera et on continuera les petits points.

 Le défi serait de réaliser un bracelet par jour jusqu'à épuisement de ce galon offert avec une commande mais dont je ne voyais pas l'usage car la couleur ne m'enchantait guère. Au moment de me défaire de la chose, l'inspiration est venue.

 Un par jour ? il ne faut pas y songer, mais l'intention n'est-ce pas ce qui compte ?

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Quelques perles, quelques dentelles trempées dans les bouillons d'abracadabra, quelques fils, de la patience, des chutes de soie pour la doublure, un bouton de nacre pour la fermeture.

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