Ninette
1891. Tandis que d'un bout à l'autre de l'Afrique, la France jouait à semer une zizanie dont ses arrières petits enfants ne sauraient pas encore se dépêtrer, Ninette descendait la colline et longeait en s'essoufflant la rive de la Durance.
Ce matin-là elle devait rejoindre le sanctuaire perché sur son balcon de pierre. Elle avait remonté sa jupe et on voyait son cotillon. Jo l'attendait à Saint Eucher, elle avait tout juste quinze ans...
Depuis dix ans toutes les ninettes, par décret, savaient écrire leur nom et notre Ninette était allée à l'école de Beaumont. Ce matin-là, elle tenait donc serré un petit crayon.
Ce matin-là... l'herbe était neuve et l'eau suintait dessus la pierre. Ninette perdit un soulier.
Ce matin-là, l'herbe sentait l'ail froissé et le poireau sauvage, et Ninette perdit un bouton de nacre, elle tacha son jupon.
(Quinze ans après, dans une tranchée, on sait ce qu'il advint et Ninette perdit JO, il lui avait donné deux beaux enfants).
Mitaines Ninette.
Je ne me lasse pas d'aller à Saint Eucher. Sous ses murs effondrés coule, couler, coule sans cesse la Durance.
Le printemps pointe ici le bout de son nez. Oui, vingt bons degrés dans les vignes et sur les chemins ! L'air tiède sur les tours de Cucuron et au pied du château d'Ansouis.
Nos amies Dominique et Agnès, de la fabrique Melosa, vous proposent de le préparer !